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Une fois par mois, nous donnons la parole à de jeunes artistes sous le format d’une interview. Ce format a pour objectif de donner aux jeunes artistes un espace de discussion et de partage de leurs productions, mais aussi de faire découvrir au public leurs parcours & leurs démarches artistiques.
Pour cette première interview, nous avons eu le plaisir d’échanger avec José Jun Martinez, peintre originaire de Porto Rico et actuellement étudiant à la Royal College of Art à Londres.
Hello José, pouvez-vous vous présenter?
Je m’appelle José (également connu sous le nom de Jun) Martínez. Je suis actuellement un peintre basé à Londres, originaire de l’archipel caribéen de Porto Rico.
J’ai fait une licence au Royal College of Art à Londres de 2010 à 2015, et depuis lors, faire un master était un projet en attente jusqu’à maintenant. Cette année de master est le moment pour donner à ma pratique une autre dimension, et étudier à la RCA était la voie idéale. En tant que peintre dont la principale référence est la terre où j’ai toujours vécu, la distance et le changement d’environnement représentent une opportunité de repenser mes approches de la peinture tant sur le plan de la méthode que de la motivation.
Avant cela, vous étiez à l’Université de Porto Rico. Quelles sont les différences d’enseignement entre les deux institutions ?
Ma licence était en sciences humaines, majeure en beaux-arts, ce qui m’a donné accès à un domaine d’études plus holistique et plus large que celui de l’école spécialisée en beaux-arts. C’était important pour moi d’avoir obtenu ma licence dans mon pays plutôt qu’à l’étranger. La RCA ajoute maintenant une perspective plus globale à ma formation grâce à toutes les personnes avec lesquelles je travaille.
Quelles sont vos références actuelles ? Et lesquelles ont eu un impact majeur sur vous ?
Je vous citerai les noms de Leonardo Boff et Ernesto Cardenal. Avec eux et beaucoup d’autres, j’ai appris à aborder les sources de la vie d’une manière poétique mais aussi matérielle et concrète.
Pour moi, la recherche porte sur la tension entre la beauté du monde et sa réalité douloureuse. Cette tension rend possible la création d’espaces pour des réflexions complexes, personnelles et collectives.
Pouvez-vous décrire votre travail en trois mots ?
Sincère, mouvement, réconciliation.
Vous peignez à l’huile ?
Elle semble d’une certaine manière fraîche et vivante. Mais il est toujours sain de changer de médiums et d’explorer des possibilités que vous pourriez ignorer parce que vous êtes devenu trop familier avec un seul matériau. J’applique maintenant certaines choses que j’ai appréciées en travaillant à l’aquarelle à mes peintures à l’huile.
Votre travail en ce moment est très centré autour de motifs floraux et de la figuration de natures mortes. Pourquoi cela vous intéresse-t-il particulièrement ?
Je me suis engagé à long terme à peindre à partir de la terre. Cela a à voir avec la solidarité et la libération, en comprenant que la terre est opprimée par les mêmes pouvoirs qui oppriment les pauvres et les marginalisés du monde.
Je peins en plein air, en m’immergeant dans des espaces naturels, et dans le studio, en m’immergeant dans des projections de photographies que je prends.Je cherche à me positionner comme faisant partie de la nature que je peins, me laissant absorber et abstraire par elle.
La spontanéité et la décontraction. Cela me rapproche également du temps de la nature elle-même. Même si je dois peindre plus rapidement, le processus doit toujours être contemplatif. Il est plus important d’être présent aussi pleinement que possible que de « terminer » le tableau.
Quelles sont, selon vous, les conditions idéales ou les catalyseurs pour créer une « œuvre réussie » ou pour la considérer comme terminée ?
Je sais que j’ai terminé un tableau quand je peux enfin dormir la nuit sans penser à ce que je ferai le lendemain.Je vise des tableaux qui respirent davantage pour que je puisse respirer avec eux. Je cherche toujours à élargir mes perspectives tout en restant cohérent.
Y a-t-il de nouvelles pratiques vers lesquelles vous aimeriez vous orienter ?
J’aimerais diversifier ma pratique dans d’autres médiums tels que la sculpture, la photographie, la vidéo, voire le numérique.
Écoutez-vous de la musique pendant que vous produisez ?
Il y a quelque chose de précieux à travailler en silence. Je peins parfois avec de la musique, mais je suis nul pour avoir des favoris, alors je vous donnerai mes cinq artistes préférés de cette année selon Spotify : Fito Paez, Charlie García, Bad Bunny, Gustavo Pena et Sui Generis.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?
Une vie vécue fidèlement et une pratique durable épanouissante.
crédit photo Raquel Perez Puig
Vous pouvez suivre José Jun Martinez sur Instagram : https://www.instagram.com/junmtinez/