Chaque mois, Harry Seydou artiste-étudiant à l’ERG (École de Recherche Graphique) à Bruxelles, vous propose de plonger au travers d’un billet d’humeur qui peut traiter d’une exposition, d’une production artistique ou d’un fait d’actualité dans le monde de l’art. Pour ce premier numéro, Harry Seydou a décidé de s’arrêter sur le travail de l’artiste Adam Handler (n. 1986), un artiste Américain, vivant et travaillant a New-York.
L’univers artistique d’Adam Handler témoigne d’une certaine authenticité qui valide son travail. Même si les sujets abordés restent assez flous, la puissance de ses choix artistiques balaie tout le reste. On comprend alors que le but de son travail n’est pas forcément dans le message qu’il propose, mais dans l’esthétique qu’il met en place. Ses tableaux sont très vivants, grâce aux couleurs choisies, aux textures riches qui contrastent avec les fonds, et aux compositions toujours intéressantes. Ses choix esthétiques sont en fait très bons et en accord avec eux-mêmes. En regardant la plupart de ses tableaux, je ressens un sentiment positif. C’est de la douceur, de la cohérence dans les couleurs, de l’amusement dans les personnages peints. Le genre de peinture où il est facile de deviner la musique parfaite pour l’accompagner.
On y retrouve un peu de Basquiat, sans appartenir à l‘art de masse imposé par les géants de l’art populaire comme Ikea ou n’importe quel vendeur de poster à l’effigie de Warhol qui ont été les causes de leur banale omniprésence post-mortem. Peut-être que si le travail de Handler devient incontournable, il aura la chance de se retrouver sur des posters « Make art, not war » qui se retrouveront dans le salon de chaque maison occidentale.
Profitons de la beauté de son art qui nous offre les outils nécessaires pour établir un accès vers son univers avant que cela n’arrive. Car c’est là que se trouve la force du travail de Handler. Il nous facilite l’accès à l’immersion qu’il nous propose. Chaque tableau répond à un autre et joue avec le système mis en place par l’artiste.
Cependant, son ultra-pertinence qui devient un peu lassante, est un outil pour prédire les choses qu’il reste à voir. Il ne réserve alors plus beaucoup de surprise, malgré son éblouissante recette artistique qui fonctionne toujours. Ses tableaux témoignent d’un expressionnisme faussement naïf à l’américaine, qui se retrouve dans l’utilisation des grands formats, paraissant, à la longue, vulgaires. Ils sont les plus beaux mais, en effet, leur taille leur fait défaut. Des grands formats de ce genre paraissent un peu « art nouveau riche ». La fréquence de taille aussi imposante essaye à tord de nous faire comprendre une dimension déjà évidente. Adam, on les voit tes tableaux !
On a compris que ton travail était cool et qu’il méritait d’être vu. On peut comprendre leur essence et leur beauté sans devoir nous imposer leur géante taille qui rend la subtilité de cet univers trop explicite. Cette démarche consolide une approche et une conception très américaine de l’art : plus c’est gros, mieux c’est. Il en oublie alors les possibilités d’expression infinies et très intenses que propose un petit format. Adam Handler a une certaine facilité à raconter l’histoire de l’univers qu’il a créé mais a du mal à raconter la sienne, en négligeant les facteurs autres que la peinture en tant que telle. Cet oubli efface la trace du peintre dans sa peinture. Je trouve ça bien dommage.
Trop stylax