Aujourd’hui on s’entretient avec Côme Wahlen, un peintre et dessinateur suisse qui tente d’initier une nouvelle façon d’échanger l’art. Plutôt que l’économie traditionnelle du marché de l’art où une œuvre s’échange contre de l’argent, Côme a transformé son site internet acheteuncome.com en troqueuncome.com, plateforme depuis laquelle il propose d’échanger ses dessins contre des objets ou des services. JATT l’a rencontré pour qu’il nous parle de son projet.

Jules (JATT) : Salut Côme.

Côme : Salut Jules.

Jules : Si jamais je ne suis pas une IA.

Côme : Je t’en prie.

Jules :  Avant toute chose, que trouve-t-on sur troqueuncome.com ?

Côme : troqueuncome.com propose exclusivement des dessins au stylo bille réalisés sur du papier d’imprimante classique. 

Jules : J’ai vu que tes dessins étaient très minutieux. Ils doivent te prendre beaucoup de temps. C’est pas un peu dommage d’utiliser un papier si cheap ?

Côme : Non, c’est toute l’idée. Faire avec ce qu’on a autour de soi. Pas besoin de matériel ultra technique pour réaliser un dessin qui tienne. Le manque permet aux idées de se trouver une place. 

Jules : Le logo de ton site internet est un post-it jaune pétant sur lequel est écrit « troqueuncome » en écriture manuscrite. Entre le stylo bille, le stabilo jaune et le papier imprimante, on retrouve à foison ces incontournables du matériel de bureau sur ton Instagram. C’est une esthétique très corporate pour un artiste, explique-nous un peu comment elle t’est venue ? 

Côme : Elle ne m’est pas venue, elle m’a été imposée par un travail long et fastidieux derrière l’accueil d’un cabinet d’avocat d’affaire. L’impératif du post-it « troqueuncome » est à l’image directe des ordres laissés par le manager sur nos écrans d’ordinateur. 

Jules : Est-ce que tu pourrais nous expliquer comment fonctionne troqueuncome.com ?

Côme : L’idée est simple, mes dessins sont présentés à la manière d’un site de e-commerce. La différence c’est qu’à la place du bouton « acheter ce dessin » il y’a le bouton « troquer ce dessin ». Lorsqu’on clique dessus, les utilisateurs et utilisatrices peuvent proposer de troquer un objet ou un service contre le dessin en question. Je suis ensuite libre d’accepter ou pas la proposition. 

Jules : Si par exemple j’ai une maison de vacances à Sus-châtel et propose de t’héberger un mois « nourri, logé, blanchi » tu accepterais ? 

Côme : Sans hésité, c’est une proposition trop généreuse. Mais c’est ça, remplacer l’argent par ce que chacun et chacune est en capacité de proposer. 

Jules : Et si je te masse une heure ?

Côme : On s’arrange

Jules : Quand on connait la difficulté des artistes émergents à vivre de leur art et la nécessité de trouver de l’argent pour financer leur carrière, c’est pas un peu risquer de destiner sa production au troc plutôt qu’à la vente ? 

Côme : Ce n’est pas un risque, en attendant que mon opérateur téléphonique et mon bailleur acceptent que je leur refourgue mes dessins, je choisi de les payer cash par le salariat. Et puis ces dessins ne sont qu’une partie de ma production il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Jules : Mais alors c’est quoi l’intérêt du troc ?

Côme : Il me semble que troquer c’est valoriser ce qu’on a et ce qu’on est autrement.

 Au-delà des sur le compte en banque et des K sur Instagram, on est tous et toutes riches de quelque chose : du vieux meuble de famille qui traine à la cave au petit service rendu. Ca nous incite à chercher ce qu’on peut partager aux autres sans le monnayer. Savoir par exemple que notre hospitalité peut se troquer, ça donne envie de donner de soi.

Jules : Tu me disais ce matin que tu avais découvert à la veille de la mise en ligne de ton site l’application ATFU (à toutes fins utiles) qui propose également de troquer entre artiste et collectionneur, ça t’a pas foutu un coup ?

Côme : Voir que cette idée a été réalisée à plus grande échelle par d’autres ça fait plaisir, ça prouve qu’on a besoin de ça. De mon côté, troqueuncome.com c’est une petite expérimentation, ça m’a permis de réfléchir aux moyens de diffusion de ma production, et d’apprendre le développement informatique. Ceci-dit, tout le programme de troc que j’ai codé est complètement libre d’accès et personnalisable par tous et toutes. Si vous faites de bons petits gâteaux le dimanche et que vous voulez les troquer sur internet, le programme est à vous. Vous trouverez le code source dans l’ « à propos » de troqueuncome.com.

Jules : Et si on n’y comprend rien à l’informatique ?

Côme : Je vous aide volontiers

Jules : Gratuitement ?

Côme : On s’arrange.

Jules : Je te remercie d’avoir pris le temps de cet interview. JATT te souhaite tout de bon pour la suite.

Vous retrouverez le travail de Côme sur Instagram (@troqueuncome) et sur internet (www.troqueuncome.com).

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