Le 31 mai 2024, est sortie la dernière réalisation d’Elpa, « Même les moutons regardent la mer » , un film sonore d’une quinzaine de minutes. Par ce nouveau projet, Elpa redéfinit une seconde fois son attachement au médium cinématographique et sonore. Elpa est un artiste originaire de Grenoble, il est compositeur, interprète et sort habituellement des projets musicaux sur les plateformes de streaming.
L’année dernière, lors du festival Chiposmose, nous avons eu la chance de l’interviewer (lire l’article ici). Il nous avait alors partagé sa passion pour l’image et le son à travers d’Une Histoire De Persil, un court métrage sorti en mai 2023. Ce film suivait la déambulation d’un personnage accompagné d’une bande originale composée de trois titres aux sonorités planantes et éclectiques.
Un an plus tard, Elpa revient avec Même Les Moutons Regardent La Mer, un film qui, cette fois, n’est pas présenté comme un court métrage, mais comme un film sonore. Par cette appellation, il transcende la classification traditionnelle en s’adaptant à différents formats de diffusion, disponibles à la fois sur des plateformes de streaming audio et sur YouTube. Cette flexibilité permet une diversité d’interprétations et d’approches, rendant l’œuvre accessible et protéiforme.
Un Voyage Visuel et Sonore
Ce film, a été réalisé en 2023 par Elpa et son père au cours d’un périple de cinq semaines autour des côtes irlandaises. Ce film est une odyssée visuelle et auditive à travers des paysages de nature vierge : plaines, vallées, océans, lacs et pâturages. Les images sont dépouillées de toute présence humaine, se concentrant sur la faune et la mer. Ce n’est qu’à la fin du film que les réalisateurs apparaissent, de dos, face à l’immensité océanique, renforçant le sentiment d’humilité et d’insignifiance de l’homme face à la nature.
Le duo a décidé de documenter leur périple en Irlande à travers la musique et la vidéo, sans plan préétabli. La spontanéité et la fluidité ont été au cœur de leur processus créatif, chaque journée étant filmée et montée progressivement pour capturer l’essence du moment.
« Le projet de base : c’était juste de bouger en vacances. Puis mon père m’a dit ‘Ça serait cool de faire un petit projet artistique tous les deux’. »
Elpa
La bande sonore, composée principalement de synthétiseurs, de nappes et de pads, offre un contraste avec les images. Cette juxtaposition entre les sons artificiels et les scènes naturelles crée une tension entre culture et nature, chacune influençant l’autre. La musique électronique étire le temps, nous plongeant dans une dimension où les sons transcendent ce qui est vue par l’humain, nous offrant ainsi une nouvelle manière de percevoir ces paysages.
Un Retour à la Nature
Même Les Moutons Regardent La Mer propose une immersion dans la tranquillité de la nature, loin du tumulte urbain et des activités humaines. Le film nous rappelle l’importance de notre lien avec la nature et nous incite à prendre conscience de notre environnement naturel. En observant la faune et les paysages, nous redécouvrons la simplicité et la beauté d’un monde souvent ignoré dans notre quotidien.
La musique, créée en collaboration entre Elpa et son père, joue un rôle central, guidant les images et portant le propos du film. Ce projet illustre parfaitement comment l’improvisation et la passion peuvent se fusionner pour produire une œuvre où la musique prédomine, enrichie par l’attention aux visuelx et aux plans de caméras.
« C’est plutôt la musique qui porte le propos que l’image.
Elpa
Ce film m’a embarqué dans une sorte d’expérience méditative. Contrairement aux vidéos, films, oeuvres conventionnels qui nous imposent un flux constant d’informations, Même Les Moutons Regardent La Mer est une rupture dans ce que nous attendons et sommes habitués : on nous invite à ralentir, à écouter et à observer. Le film demande au spectateur d’être attentif et de se laisser porter par le rythme lent et apaisant des images et des sons. Même Les Moutons Regardent La Mer se définirait comme une expérience. Une expérience qui invite à une réflexion personnelle et à une exploration intérieure, hors du temps.
Une ode à la nature
Le titre du film est évocateur, il nous invite à adopter le point de vue des animaux, à nous éloigner de notre perspective anthropocentrique. Cette œuvre nous pousse à réfléchir sur la domination humaine sur la planète et sur notre tendance à ignorer les systèmes naturels qui nous entourent. Elle nous rappelle que ces systèmes fonctionnent indépendamment de nous et que notre disparition n’entraînera pas la fin de la nature. Au contraire, les moutons continueront peut-être de regarder la mer, indifférents à notre absence.