Michel, né à Rocourt en 1973, est un sans-abri ayant pris un petit bout de la forêt des Coteaux de la Citadelle à Liège pour y installer sa tente. En plus d’être un humain intéressant, génial et entier, c’est un putain d’artiste. Son principal moyen d’expression : des cannes de marche qu’il sculpte quotidiennement. Sa perception singulière du monde et sa réalité propre lui permettent une totale liberté créatrice. Elles le définissent dans ses rapports aux autres, aux choses, à la spiritualité.

Michel, sculpteur d’errance

Je ne sais pas si le monde a encore un besoin vital d’artistes qui bouleversent les codes, qui réinventent les réflexes de création, ce n’est pas le sujet de l’art contemporain. Mais Michel n’est pas un artiste. Il n’a pas besoin de reconnaissance. Il s’en tape. Ce n’est même pas à prendre en compte dans sa démarche. Pourquoi parler de la vie quand on peut parler de ses cannes ? Je pourrais l’écouter des heures m’expliquer l’histoire de chacune de ses cannes, où il a trouvé la branche parfaite, quelle technique a été utilisée, ce qu’elles signifient pour lui.

Les cannes, fragments d’une vie invisible

Ses cannes racontent des histoires belles, douces et innocentes. Elles témoignent de la fragilité de leur auteur. Une fragilité qui résiste aux blessures de la vie. Celle qui façonne la canne pour esquiver les traumas et qui se débrouille pour continuer à avancer. Comme la racine d’un arbre se frayant un chemin malgré les aspérités de la terre.

Chaque canne de marche est la témoin d’un cheminement, d’une errance, d’un dialogue silencieux entre la nature et lui. Dans la solitude de son parcours, Michel Bart trouve dans ce bois sculpté une présence, un réconfort. La canne choisie devient sa compagne pour la journée, sa mémoire tangible de ses pas et de ses pensées. Elle l’accompagne dans ses interactions avec les autres, lui sert de pilier malgré sa fragilité évidente. Une allégorie intéressante.

Pourquoi Michel en a tant besoin alors qu’elle n’est certainement pas essentielle ? S’y tenir un peu trop fort la casserait en deux. Lui donne-t-elle un boost de confiance pour affronter Babylone ? Ces questions resteront sans réponse. N’essayez pas d’en parler à Michel. Ça ne l’intéresse pas. Ce sont des objets utilitaires, mais leur singularité en fait des œuvres. Elles sont sa trace dans le monde. L’art comme geste libre.

De la forêt à la vitrine

Michel Bart participera à la dix-septième édition d’Art au Centre à Liège, dans la vitrine au numéro 75 rue Hors Château. L’exposition s’intitule Impasse de la Vignette, dans le temps et dans l’espace. Il y montrera ses plus belles cannes de marche accompagnées des géniales photos de Mathias Vancoppenolle. Un photographe, qui vit précisément l’Impasse, capable dans un moment improbable, sorti de nul part, de fixer « l’instant décisif » sans même le réaliser pleinement et d’égaler les plus grands. Entre

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