Une fois par mois, nous donnons la parole à de jeunes artistes sous le format d’une interview.
Ce format a pour objectif de donner aux jeunes artistes un espace de discussion et de partage de leurs productions, mais aussi de faire découvrir au public leurs parcours & leurs démarches artistiques. Ce mois-ci, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Humbeline Creps, 25 ans, artiste plasticienne qui pratique le dessin et la céramique.  Présentation d’une artiste qui nous fait voyager dans son univers bucolique et bittersweet empreint de madones et de garçons larmoyants.

Lena Califano @taphotographepreferee

Comment es-tu arrivée à pratiquer le dessin et la céramique ?

Le dessin a toujours fait partie de moi. J’ai commencé par des études de design d’objets et c’est à ce moment-là que j’ai découvert la céramique. J’ai continué en CAP tournage céramique et j’ai fait évoluer ma pratique en y agrémentant l’univers de mes dessins. Pour moi, les deux sont désormais indissociables. 

D’où puises-tu tes inspirations? 

Je travaille d’après les émotions comme la vulnérabilité, la fragilité que je peux ressentir ou observer autour de moi. J’aime retranscrire les états émotionnels de chacun et de comment ils les traversent avec mon langage visuel.

On y retrouve beaucoup l’esthétique catholique, le folklore scandinave ou italien ou des lieux de ma région. Tous ces symboles m’aident à créer mon propre langage artistique folklorique teinté de mélancolie et de tristesse.

Peux-tu nous parler de ton vocabulaire et de ces symboles ?

Pour les symboles, j’essaye toujours d’en donner l’origine et ce qu’ils signifient pour moi. Notamment pour l’esthétique catholique, quelle est son histoire et d’où vient-elle. Je représente beaucoup de cœurs, qu’ils soient anatomiques ou des ex-votos afin de raconter des histoires personnelles. 

Par exemple, quand je dessine un mégot, c’est mon expérience personnelle qui m’évoque la fin d’un moment et parfois ça peut être un moment festif comme un moment de tristesse. J’aime jouer avec les ambiguïtés en les plaçant dans différents contextes de mes œuvres. 

Quand il s’agit de mon histoire personnelle, j’utilise essentiellement des symboles culturels comme la cigarette.

Dans ton travail, on retrouve souvent la figure de la Madone. Est-ce que cette figure vient de ton exploration du monde visuel ou d’ailleurs ? 

C’est essentiellement une fascination pour ce que cela représente symboliquement notamment dans l’Histoire de l’art, comment sont-elles représentées par les artistes, les messages qui ont voulu être véhiculés à travers ces figures, etc. On peut y croire comme ne pas y croire à ces représentations mais pour moi, elles disent quelque chose des êtres-humains. C’est une figure qui s’est imposée naturellement dans mon travail artistique mais qui ne se résume pas qu’à cela.

A mon sens, ce n’est pas forcément lié à une croyance mais plutôt à la manière de représenter ces figures de puissance, de contrôle, soit d’amour et de tendresse en fonction de ce qu’on voit de la religion. C’est ce qui m’intéresse le plus. Il m’arrive régulièrement que les gens disent que c’est décalé, que c’est drôle alors que ce n’était pas mon intention première. 

Et parfois, il y a des gens très croyants qui me disent qu’ils aiment ce que je fais. D’autres trouvent ça juste beau, ou affreux, ou pas drôle. 

Mais j’admets que c’est décalé !

Qu’en est-il de ton processus créatif ?

Quand je crée, c’est comme si j’ouvrais un tiroir et que je voyais ce qui en sortait, c’est ce que j’utilise ! Ce n’est pas méticuleusement pensé. J’ouvre et je vois, il n’y a pas d’objectif !

Avec la céramique, c’est différent car je crée des objets fonctionnels, je vais penser à la personne qui va l’utiliser, à la place que cela va prendre dans sa vie. Tandis que le dessin, c’est moins palpable pour celui qui l’expérimente. On me retrouve visuellement dans les deux pratiques mais avec une expérience différente.

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Un événement marquant dans ta carrière? 

J’ai eu mon premier solo show récemment ! C’était dans un centre d’animation de la ville de Paris où je donne des cours de céramique et où ils organisent des expositions. Ils m’ont proposé d’exposer. C’était à la fois excitant et effrayant de remplir un espace. Mais c’était super !

C’était la concrétisation de toutes les œuvres créées en résidence cet été au milieu de la montagne dans ma terre natale dans un cadre de paix. Un retour aux sources en somme.

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Les plus grands défis en tant qu’artiste émergente ?

Faire face à la précarité car ça peut être vraiment décourageant. Ne pas se comparer aux autres personnes et pas qu’aux artistes, de ne pas me dire :

Est-ce que je suis vraiment en train d’avoir un mode de vie qui est viable et dans lequel je peux m’épanouir, etc. ?!

Accepter que c’est difficile, car la motivation et l’inspiration fluctuent. C’est une grande pression qu’on se doit de dépasser pour ne pas se bloquer créativement parlant. Trouver un rythme de travail qui soit épanouissant entre la création et les obligations financières.  Mais en tous cas, ça vaut le coup ! Je ne me verrais pas faire autre chose. 

Autres conseils précieux  : 

Formez-vous ! Soyez curieux ! Continuez à découvrir de nouvelles techniques et univers !

Sortir de sa zone de confort va vous enrichir sous tous les plans. Et pas forcément que dans de grandes institutions. C’est super d’aller au Beaux-Arts, mais il n’y a pas qu’eux ! Moi, j’ai fait un BTS Design produit, un CAP céramique, et plusieurs petites formations. C’est tout aussi enrichissant. C’est comme ça que je l’ai vécu ! 

Si tu rencontrais la Humbeline du futur , qu’est-ce que tu aurais envie de lui dire? 

On en est où des candidatures pour les résidences ?! Rires 

S’il-te-plaît, bouge toi! Rires .

Trois artistes qui t’inspirent :

Henri Matisse, spécialement son tableau “L’intérieur aux aubergines”. 

Ma maman, pour sa créativité et en tant que femme.

Kate Bush parce que je me reconnais dans sa texture artistique.

Last one : si on a envie d’acheter tes œuvres, où peut-on les trouver ?

On peut me contacter sur Instagram et par mail, j’ai toujours des catalogues qui sont prêts  Je fais régulièrement des petits expos, des petits événements donc n’hésitez pas à checker sur Insta !

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