DiscoveredPeinture

DISCOVERED. Louiz Castiella

Une fois par mois, nous donnons la parole à de jeunes artistes sous le format d’une interview. Ce format a pour objectif de donner aux jeunes artistes un espace de discussion et de partage de leurs productions, mais aussi de faire découvrir au public leurs parcours & leurs démarches artistiques.

Ce mois, nous avons le plaisir d’interviewer Louiz Castiella, artiste peintre actuellement en dernière année de Master à l’école Nationale Supérieure de la Cambre en Belgique.


Salut Louiz, tout d’abord, pourrais-tu te présenter brièvement, me dire qui tu es et d’où tu viens ?

Bonjour, je suis Louiz Castiella, j’ai 24 ans, je suis franco-basque-espagnole, native du Pays Basque au sud ouest de la France.

Actuellement étudiante en dernière année de master en peinture à l’école nationale supérieure d’art de La Cambre, pourquoi as-tu choisi ce type d’enseignement ?

En sortant d’un bac professionnel esthétique je me suis orientée vers une prépa, qui m’a ensuite menée aux Beaux arts que j’ai quitté pour entrer à la Cambre à Bruxelles en 2019. J’y voyais la une possibilité de nouveau départ dans ma vie professionnelle et personnelle, changer d’environnement et de pays.

Lorsque j’ai quitté les B-A je n’arrivais plus à peindre pendant environ 3 ans, je trouvais que ma peinture était trop narrative, elle racontait littéralement et grossièrement ce qui devait être peint. Durant ces trois années j’ai créé à travers différents médiums tels que ; l’installation, la vidéo d’animation, la photographie, la performance etc.. Pour finalement retourner à ma pratique initiale : la peinture.


Quels sont les sujets/thèmes que tu abordes dans ta pratique ?

Ma peinture débute toujours par une réflexion autour d’un souvenir. Le souvenir est généralement loufoque, ou horrible, marrant, c’est un peu toujours tragique-comique.

Je m’ancre à ce point d’accroche puis me nourris d’une banque d’image et textes personnels pour ensuite commencer à peindre. J’aborde donc par le souvenir des sensations multiples telles que ; l’horreur, l’humour, la tendresse, la nostalgie etc.. Je questionne la matière, les couleurs, l’abstraction, les figures, etc.. Je veux dégager de ces collages de souvenirs et d’images/textes une certaine sensibilité à travers ma peinture.

Ton travail intègre de nombreuses références contemporaines, notamment JUL, Hello Kitty, etc…

Dans mon monde en lévitation c’est comme si ces éléments étaient nécessaires pour que je ne chute pas dans le vide, tout y est fragile et doit être consolidé par quelque chose. C’est en quelque sorte une manière de se rassurer, se protéger. Peu à peu j’essaye de m’en éloigner pour que ces références soient moins visibles, et peu être qui sait qu’elles finiront par disparaitre totalement de mes peintures.


Ton travail aborde, semble-t-il, dans un premier temps la matérialité même de la peinture, par un geste parfois primitif ? 

Il est vrai que ma peinture peut paraître primitive car elle s’inscrit dans l’instinctif du geste, mais celui-ci est bien orchestré même s’il ne paraît pas forcément. Je peux passer des heures, des mois à regarder ma toile pour réussir à prendre la décision de passer à l’acte de peindre.

C’est très difficile car je suis indécise, c’est pourquoi je définis toujours ma relation avec la peinture comme une sorte de combat, de relation toxique. Pendant ces temps de réflexion plus ou moins longs il est vrai qu’on peut apercevoir [quand je suis entrain de produire] des papiers accrochés avec du scotch sur mes peintures, il s’agit de textes et/ou de dessins. Parfois je prend la décision de les enlever et parfois je les colle pour toujours, ils font alors parti intégrante de la toile.

Ma peinture peut s’apparenter à un collage d’idées et de gestes qui s’imbriqueraient parfaitement dans un même espace de création. Une fois que tous les éléments sont à leur place et font sens je considère ma peinture comme terminée.


Qu’est-ce qui t’intèresse dans le fait de naviguer entre figurations, abstractions ? 

Je dirais que parfois l’abstraction suffit à elle seule pour captiver et capturer l’émotion qui s’émane d’elle.

D’autres fois j’ai besoin de représenter une figure qui dialogue avec cette même abstraction, comme un besoin de tendre un fil très fin, prêt à casser, mais qui finalement ne se casse pas et tient parfaitement. Si les deux fonctionnent c’est là que je gagne mon combat avec la peinture.

Comment choisis-tu tes titres ? 

Le titre d’une peinture vient à la fin de celle-ci, de par l’histoire qu’elle raconte je décide de donner une clef au spectateur pour sa lecture. Il est significatif et très important, il représente un extrait de ce que je veux raconter par la peinture.

Pour toi c’est quoi la peinture ?

C’est la bagarre.


Quelles sont les références qui t’accompagnent en ce moment ? Celles qui t’ont beaucoup marqué ? Actuelle et plus historique ?

En majorité je m’inspire des photographies que je prend ou de phrases que j’écris. En ce moment j’apprécie le travail de Nhozagri, Josh Smith, Trevor Shimizu et Rose Wylie. Par le passé j’ai été marquée par les peintures de Bacon et celles de Cy Twombly, j’adorais le travail de Piero Manzoni aussi.

J’ai été chamboulée par certains écrits ; Autoportrait d’Edouard Levé, Sept manifestes Dada de Tristan Tzara et épatée par tous les écrits d’Henri Michaux. Je ne peux pas parler de référence sans mentionner JUL qui sera toujours le numéro 1 de mes artistes référents, qui m’accompagne partout depuis des années.

Quelle est, selon toi, la plus grande difficulté en tant que jeune artiste ?

Je pense que la plus grande difficulté pour moi à toujours été la même ; ne pas sombrer dans la folie. Ça peut paraître dingue mais la peinture rend vraiment fou/folle.

Comment te projettes-tu pour l’après école et qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour la suite ?

Après l’école je me projette je l’espère, en résidence à produire entourée de personnes qui m’inspirent et m’aideront à évoluer dans ma pratique artistique. Et pour la suite on peut me souhaiter de continuer à peindre, obtenir des résidences, faire des expositions et surtout une bonne santé !

Vous pouvez retrouver le travail de Louiz Castiella sur son instagram : http://instagram.com/cmoilouiz/

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